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Être apiculteur

Être apiculteur c’est un métier, ou plutôt un ensemble de métiers! 

Cette page a pour vocation d’en présenter les aspects plus importants et passionnants pour moi!

Abeilles sur cadre

Apiculteur éleveur

L'élevage est la clé de la survie des abeilles (et de l'apiculteur!). Pour 200 ruches en production, un apiculteur a au moins 100 ruches en élevage, pour a minima faire face à la mortalité (jusqu'à 30% par an...).

C'est lors des opérations d'élevage que nous mettons le plus à profit nos connaissances sur la biologie de l'abeille.

On distingue deux catégories

La création d'essaims. Il s'agit, à partir d'une ou plusieurs colonies existantes, de prélever les bons cadres, avec les bonnes abeilles et soit de lui faire élever une reine, soit d'introduire une reine élevée précédemment. La seconde méthode est préférable car elle limite les aléas sur les qualités de la reine puisque ces dernières auront pu être testées en amont. Elle limite également les aléas sur tout ce qui pourrait se passer jusqu'à avoir une reine en ponte dans la colonie: problèmes lors de l'élevage, reine ne revenant pas du vol de fécondation, reine mal fécondée,... Enfin, cela permet de gagner un mois de délai puisque c'est le temps nécessaire entre le moment où une reine commence à être élevée et le moment où elle commence à pondre! En effet il faut ensuite que la colonie ait le temps, avant l'automne, d'être suffisamment forte pour passer l'hiver dans de bonnes conditions. En savoir plus...

L'élevage des reines. Il s'agit de faire élever des reines à partir de reines "souche", dont les caractéristiques sont intéressantes (douceur des ouvrières, hygiène, productivité,...). Il faut donc déjà identifier les reines les plus intéressantes, puis prélever leurs larves pour demander à une autre ruche orpheline de les faire se développer comme reine. En effet, les reines ne sont pas élues, mais élevées à partir du stade larvaire. Lorsqu'elles ne sont nourries qu'à la gelée royale, ces larves vont développer des caractéristiques de reines. Une fois ce processus effectué, nous introduisons chaque bébé reine dans une mini ruche pour qu'elle finisse de se développer, se fasse féconder, se mette à pondre,... De nombreux ouvrages décrivent précisément l'élevage des reines. Celui de Gilles Fert est un (très) bon point de départ.

Varroa Destructor

Apiculteur soigneur

Etre apiculteur c'est aussi veiller à la bonne santé des colonies. Des colonies populeuses dans un environnement floral diversifié, leur permettant d'avoir des ressources de nourritures variées et saines toute l'année est une des clés d'une ruche en bonne santé.

Il faut également savoir reconnaître les différentes maladies pour pouvoir prendre les mesures qui s'imposent : concernant les virus, bactéries et champignons, aucun médicament n'est autorisé (heureusement!). Les mesures de préventions sont donc indispensables (hygiène, désinfection du matériel, nettoyage des ruches,...). Dans le cas de certaines maladies (loque américaine par exemple), il peut être nécessaire de devoir brûler la ruche (après avoir sorti les abeilles) voire de détruire la colonie.

Enfin, il faut pouvoir contrôler et maîtriser la présence des parasites de l'abeille tels varroa destructor (en photo ci-dessus, et en vidéo par ). Ce parasite venu d'Asie dans les années 80 est une des sources principales de la mortalité des colonies et est durablement installé dans toutes les colonies : on ne peut que limiter son expansion sans réussir à l'éradiquer complètement. Il parasite les abeilles tout au long de leur cycle de vie : de la larve jusqu'à leur mort, et se nourrissant de leur hémolymphe (le sang des abeilles). En plus de les affaiblir par cette action, varroa permet la transmission de bon nombre de maladies, soit parce qu'il en est porteur, soit parce qu'il a percé la "carapace" de l'abeille

Espérance de vie d'une reine
0 ans
Espérance de vie d'une ouvrière au printemps
0 semaines

Apiculteur producteur

Le miel est produit au moment des grosses floraisons, entre avril et juillet. Comme la saison est courte, l'enjeu est de faire en sorte que les colonies soient suffisamment fortes, pile au moment des premières floraisons, pour produire du miel tout en limitant le risque d'essaimage.

Lorsqu'il les conditions de température et d'humidité sont réunies au moment des floraisons recherchées, nous rajoutons des étages aux ruches : les hausses. C'est là, que les abeilles vont stocker le surplus de miel.

Puis une fois la "miellée" terminée, il faut détecter le moment où le miel est prêt à être récolté. Trop tôt, il sera trop humide et se conservera mal. Trop tard, il risque soit de cristalliser dans les rayons et ne pourra plus être extrait, soit d'être "pollué" par d'autres floraisons en cours générant du miel pas encore mature et augmentant donc son humidité...

Enfin il faut récolter les hausses, extraire le miel des rayons, le faire décanter, le mettre en pot, étiqueter,... et vendre!

Cognassier du Japon

Apiculteur botaniste

Les abeilles ont évolué au fil des millénaires en même temps que les fleurs pour créer un modèle de symbiose.

Les fleurs fournissent le nectar qui sert de base à la fabrication du miel par les abeilles. En échange les abeilles transportent le pollen de fleur en fleur, assurant leur reproduction.
Certaines fleurs ont ce mode de fonctionnement, on dit qu'elles sont mellifères, et parmi elles, la production de nectar varie (En savoir plus...) . Elle varie également en fonction des conditions météo.

Par exemple, l'acacia (robinier faux-acacia) peut être très mellifère lorsque la température est durablement supérieure à 20°C.
D'autres espèces, comme le châtaignier, sont pollinisés par le vent. Cependant, pour des raisons inconnues, ses fleurs donnent du nectar.
Enfin, d'autres espèces, comme le sapin blanc, sont mellifères malgré elles. Ce sont en fait les pucerons qui rejettent l'excédent de sucre de la sève, qui permet de faire du miel de sapin.

Le rôle de l'apiculture, telle que je la conçois, est de fournir ce service de pollinisation de manière uniforme, et de permettre aux abeilles de cohabiter le mieux possible avec les autres espèces. C'est pourquoi, mes ruches ne transhument pas. Je m'attache également à veiller à ce que l'environnement des ruchers soit aussi diversifié que possible . C'est également pour cette raison que je limite le nombre de ruches à un même endroit (plus de détails ici).

Pondus chaque jour par une reine au printemps
0 œufs
Entre la ponte et la naissance d'une ouvrière
0 jours
Installation des ruches en entreprise

Apiculteur sportif

C'est à partir du printemps et des premières grosses floraisons que le sport commence!

Loin du travail paisible où l'on regarde butiner les abeilles, la prévention de l'essaimage, le suivi de la production, la récolte et l'élevage avec un cheptel de 200 ruches à visiter jusqu'à 1 fois par semaine ressemble à un long marathon sous une combinaison en pleine chaleur !

A cette course s'ajoutent des épreuves de transport de charges avec port de ruches (40kg), de hausses à miel (20kg) et de cartons de pots (légers ceux là!). Les tonnes de miel que nous produisons chaque année sont donc portées plusieurs fois à la main, aux différentes étapes de la production.

Comme un sportif, la préparation physique et l'adoption des gestes et postures adéquats sont donc indispensables!

A quand l'apiculture aux J.O. d'été?

Apiculteur chef d'entreprise

Etre apiculteur c'est enfin être chef d'entreprise.

Il faut avoir un plan d'entreprise sur plusieurs années, que l'on met à jour en fonction de son évolution. Il faut également tenir une comptabilité rigoureuse, connaître la législation, savoir rebondir en cas d'aléas, planifier ses investissements, identifier et consolider ce qui marche, abandonner ce qui ne marche pas, prendre des risques, tester, innover, se former, savoir se faire accompagner, communiquer, trouver des partenaires, travailler en équipe, obtenir des financements, gérer les fournisseurs et surtout partager.

Autant de domaines passionnants dont l'aboutissement est de produire un miel de qualité !