La reine est à elle seule un exemple incroyable d’épigénétique, ou la manière dont les êtres vivants peuvent activer ou désactiver l’expression de certains gènes juste à partir de leur environnement.
Dans le cas de la reine, c’est la manière dont est nourrie la larve qui est déterminante. Contrairement à ses sœurs, le fait d’avoir une nourriture de gelée royale exclusivement, la conduit à avoir une nymphose plus rapide et à développer ses organes différemment.
Ce mode de fonctionnement permet à la colonie de fabriquer une reine en urgence en cas de besoin et de pouvoir pallier à la mort imprévisible de la reine.
Il y a trois cas dans lesquels une colonie fabrique une nouvelle reine:
- pour essaimer, c’est-à-dire aller fonder une deuxième colonie ailleurs. Dans ce cas la reine existante part avec la moitié de la colonie. C’est ce mode de fonctionnement qui permet aux abeilles de se reproduire. La ponte au sein de la ruche permet de la faire vivre mais ne participe pas à l’expansion de l’espèce;
- pour renouveler une reine morte subitement;
- pour remplacer une reine qui ne conviendrait pas. Dans ce cas la nouvelle reine va aller combattre l’ancienne et a toutes les chances de gagner vu sa jeunesse et le fait qu’elle ne soit pas encore handicapée par un abdomen trop lourd.
Bien que performant, ce système échoue souvent, en effet, il suffit que la nouvelle reine ne revienne pas du vol de fécondation pour que l’avenir de la colonie soit compromis : il n’y a alors plus de larves suffisamment jeunes pour être transformées en reines.
Quelques abeilles se mettent alors à pondre des œufs à la place de la reine, mais ce sont des œufs non fécondés qui ne pourront produire que des mâles. On dit que la colonie devient bourdonneuse, et elle va décliner lentement faute de renouvellement des ouvrières mortes de vieillesse